Tout est calme

pprivoiser la tranquillité n'est pas aussi simple qu'il y paraît quand on est habitué aux turbulences d'une vie brouillée de questions. On s'interroge souvent dans l'autre sens, comme si on pouvait passer d'un bruit continu au silence aussi facilement. Le cerveau humain est ainsi fait qu'il lui faut un temps d'adaptation pour tout, et en toute circonstance.

Il m'a bien fallu trois jours pour commencer à apprécier la sérénité du lieu dans lequel je me trouve. J'enfourche un vieux vélo en espérant ne pas trop souffrir au niveau musculaire. Là encore, le crabe ouvre grand ses pinces comme une injonction m'intimant de manière sournoise de ne pas l'oublier. Qu'il se rassure, je sens sa présence en permanence, à chaque mouvement, avec ce sentiment chaque fois plus pétrifiant que mon corps m'échappe, qu'il ne m'appartient plus. Je me trouve dans une de ces situations qui nécessite un effort conséquent pour démêler ce nœud d'affections qui font que j'en suis là aujourd'hui.

Entre ces maux qui sont compris mais occultés parce qu'ils effraient, d'autres dissimulés avec autant de maîtrise qu'il est possible pour éviter le pire des diagnostics, et l'âge poursuivant son chemin vers l'absurde, difficile de savoir comment j'en suis arrivée à ce triste état de méconnaissance de moi-même.

Chaque effort pour récupérer un minimum de raison, se solde par un épuisement proche du collapsus. J'essaie vainement de relier ces fils éparses se resserrant pas endroit à un point tel, que toute tentative de désobstruer cet ombilic monstrueux s'étant formé à ce moment T de mon existence, me ruine un peu plus la santé. Le cancer ne représente qu'un de ces nœuds provoqués par plus fort que lui pour ce qui est de détruire. Je, devrait s'écrire à la troisième personne, peut-être ainsi serait-il possible d'écrire l'impossible.

Noirmoutiers 30 mars 2023