Octobre rose

i j'aime le mois, je n'ai jamais aimé la couleur. L'association des deux signifie pour quantité de femmes la reconnaissance d'une lutte contre un mal qui s'il ne tue pas, ampute, avilit par la fatigue, transforme.

Octobre rose signe pour moi la fin des jeans taille basse, une peau qui s'écaille, des muscles douloureux, un épuisement latent, et pourtant, je ne parviens pas à m'unir à cette journée en compagnie de toutes les autres, courir avec elles contre ce qui ne nous tuent pas, et censé nous rendre plus fortes. C'est ainsi, je n'ai désespérément rien à voir avec ce monde, dans l'impossibilité de considérer le mal comme un combat à mener. Courir pour dépister ce hasard qui peut tomber sur chacune d'entre nous sans crier gare, est une juste cause mais je ne peux me résoudre à m'investir contre un mal sous le seul prétexte de l'avoir cotoyé de trop près, et puis je n'aime pas les journées dédiées à une cause.

J'aimerais que les 365 jours que compte l'année soient passés à prendre soin des uns et des autres, que les non-voyants redeviennent des aveugles, les personnes âgées des vieux, les malentendants des sourds, les personnes à mobilité réduite des handicapées.

J'aimerais mettre de nouveau les mots sur les choses, éviter les évitements, ne plus entendre me dire que je me suis battue, que j'ai été courageuse, alors que je n'ai fait que suivre une processus qu'il ne m'appartenait pas de juger parce que je n'avais pas les moyens de le faire.

Octobre rose signifie aujourd'hui pour moi un comprimé blanc m'accordant possiblement des points de vie sous certaines conditions que mon corps tolère mal, et je ne vois pas pourquoi j'accepte ce deal de mauvais goût... Je trouve.